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Un certain cinéma
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29 avril 2014

La Proie du mort, de W.S. Van Dyke II (1941): imparfait huis clos à trois

La Proie du mort est à la croisée de plusieurs films: le suspens, le presque fantastique, le drame. Porté par un casting de choix: Robert Montgomery, Ingrid Bergman et George Sanders, réalisé tout à fait honnêtement par Van Dyke, un vieux routier d'Hollywood, il laisse cependant sur sa faim. En cause? Une action parfois bâclée, une histoire simple dont les ficelles ne sont pas discrètes, et des raccords dans les plans pas toujours bien faits.

Le titre français, on ne le comprend qu'au dernier quart du film: c'est Philippe Monrell (Montgomery) qui est le mort, et Ward Andrews (Sanders) qui est la proie. Entre les deux: Stella Bergen (Bergman), l'épouse du premier et l'objet de l'affection du second. Le titre original est plus explicite: Rage in Heaven, qui illustre bien la paranoïa du mari envers son ami, qu'il imagine être l'amant de sa femme, jusqu'à tenter de tuer celle-ci, ensuite Andrews, et finalement se tuant lui-même pour faire accuser Andrews!

Un bean sac de noeuds, donc, un suspens et une psychologie très Hollywood années 40, qui manque malheureusement de liant. En voyant le film, on pense au Secret derrière la porte pour le mari terrorisant sa femme, à Soupçons pour le mari voulant tuer sa femme, à Rébecca pour le fidèle ami soutenant l'épouse. L'épouse, justement, contrairement aux films pré-cités, est plutôt sacrifiée dans la Proie du mort: elle est l'objet de convoitise des deux hommes, mais peine à exister par elle-même (Stella est d'ailleurs assez naïve pour choisir d'épouser Philippe, alors que clairement, il n'est vraiment pas net).

Robert Montgomery, le mort

C'est amusant, car lors de mon dernier post de film, j'avais parlé du code Hays et des lits jumeaux pour les époux: en 1941, le code Hays est là depuis 10 ans, et les époux Monrell dorment dans des lits jumeaux, une représentation de la vie d'un jeune couple tout à fait réaliste! Pour finir, un petit mot sur les acteurs: Robert Montgomery est branché sur Marche, sans émotion ni sentiment, ce qui colle finalement bien avec son personnage de paranoïaque (traité de façon un peu simplette); Ingrid Bergman, dans son troisième rôle hollywoodien, est toute jeunette et possède une aisance déjà remarquable, même dans un rôle peu étoffé: George Sanders, enfin, ne joue pas les cyniques ni les goujats. Sincèrement amoureux de Stella, il a des regards amoureux que ne dédaignerait pas un Robert Taylor, et garde jusqu'au bout un amour chaste et pur pour la femme mariée. Ah oui, un coup de dent! Le film commence à Paris. L'acteur qui joue le médecin français, Oskar Homolka, a un accent germanique à couper au couteau... Vraiment, avec tous les francophones de l'époque, Van Dyke n'aurait-il pas pu trouver un acteur avec un accent moins risible pour le rôle?

En résumé, un film avec tous les éléments d'une catégorie A (réalisateur, acteurs, mise en scène), mais qui, au final, est plus un honnête film de série B. Et c'est très bien aussi.

affiche Proie du mort

LA PROIE DU MORT (RAGE IN HEAVEN)

M.G.M., 1941

Réalisteur: W.S. Van Dyke II, d'après un roman de James Hilton

Photographie: Oliver T. Marsh

Distribution: Robert Montgomery (Philippe Monrell), Ingrid Bergman (Stelle Bergen), George Sanders (Ward Andrews), Lucile Watson (Mme Monrell), Oskar Homolka (Dr Rameau)

Premier visionnage: Cinéma de minuit

Films avec Ingrid: Casablanca

Films avec George: Rébecca, Samson et Dalila, Ivanhoé

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