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Un certain cinéma
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29 mars 2014

Casablanca, de Michael Curtiz (1942): l'héroïsme selon les Américains

Il est des films dont on vous parle tellement que vous n'avez plus besoin de les voir pour en avoir une opinion; et, quand enfin on les visionne, on a un sentiment d'inaccompli doublé d'une interrogation: "tout ça... pour ça?" Casablanca entre pour moi dans cette catégorie de films. On sait que c'est LE film des Américains, le film fétiche, le film qu'il faut aimer si on est un vrai Yankee; on en parle beaucoup, on en a écrit des milliers de pages (le tournage mouvementé, le script écrit au jour le jour, la fin inconnue, etc.). Quand on s'apprête à le voir, on se dit: je vais admirer le film d'une vie. 

Aussi curieusement que cela puisse paraître, j'ai vu Casablanca très tard, presque dix ans après m'être intéressée au cinéma pour de bon; et je ne l'ai vu ni Cinéma de minuit, ni sur Arte, mais aux Actions Écoles, à Paris. Après tout que j'en avais entendu dire par les critiques et les professionnels du cinéma depuis 60 ans, je m'attendais à être subjuguée, exactement comme je l'ai été la première fois que j'aie vu Autant en emporte le vent, seul film a avoir reccueilli autant de louanges sans interruption. Le résultat fut plutôt comme Jules et Jim de Truffaut: le fim n'arrive plus à la hauteur de la réputation qu'on lui fait.

Je ne sais pas ce qu'il faut blâmer dans cette déception: la trop grande attente d'un film porté aux nues, le scenario, tout à fait classique pour un film de cette époque, la mise en scène, de bonne facture mais sans rien d'extraordinaire, les acteurs, ayant tous un très bon métier mais sans éclat? Peut-être tout ceci à la fois. Peut-être le battage qu'on fait autour de ce film "sérieux", "patriote" depuis sa sortie, alors qu'à l'époque, il n'était qu'un des nombreux bons films qui sortaient en rafale des studios Warner. Peut-être l'histoire d'amour exacerbée, qui m'a laissée indifférente, entre les trois personnages. Peut-être tout ceci, et la conclusion est: Casablanca est désormais écrasé par sa réputation de film "culte", mot qui ne veut rien dire. En le voyant avec un oeil curieux, je pensais: oui, c'est un bon film et une belle histoire mélodramatique, mais que j'ai l'impression d'avoir déjà vus.  

On glose beaucoup sur les personnages d'Ingrid Bergman et d'Humphrey Bogart: Bergman, la-plus-grande-actrice-de-tous-les-temps-de-Hollywood (quand ce n'est pas Katharine Hepburn ou Meryl Streep), car elle fut moins évidemment belle que des Carole Lombard ou des Gene Tierney, il faut bien lui reconnaître beaucoup plus de talent que ses consoeurs; et Bogart, intouchable depuis son couple avec Bacall, qui n'eut pas non plus un physique de jeune premier, donc il est forcément plus doué que les autres. Si je trouve que le jeu de Bergman a toujours un métier un peu trop visibile (même dans les Enchaînés), j'aime en revanche la sobrité du jeu de Bogart, tout en sécheresse et en à-coups. Les deux eussent dû s'accorder; je ne trouvai pas que l'alchimie entre leurs deux personnages fût flagrante à l'écran. C'est dommage: cela eut sauvé le film de la déception. En réalité, c'est Claude Rains que j'ai préféré: parfait en policier français opportuniste, fin limier de la guerre et des humains, pince-sans-rire très britannique. Il eut fallu le couple Rains-Bergman des Enchaînés dans Casablanca, et Bogart dans le rôle du policier: les choses en auraient été changées.

affiche Casablanca

CASABLANCA

Warner Bros, First National Pictures, 1942

Réalisation: Michael Curtiz

Photographie; Arthur Edeson

Distribution: Humphrey Bogart (Rick Blaine), Ingrid Bergman (Ilsa Lund), Paul Henreid (Victor Lazlo), Claude Rains (Cne Louis Renault)

Premier visionnage: cinéma Actions Écoles

Films de Michael: Vacances volées, Capitaine Blood

Films avec Humphrey: la Comtesse aux pieds nus

Films avec Ingrid: la Proie du mort

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