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Un certain cinéma
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7 avril 2014

Mamma, héroïne d'un "préquel" d'Autant en emporte le vent?

On ne laisse pas les grands succès vivrent sereinement. Dernièrement, on a appris que le classique des classiques de la littérature de Sécession, Autant en emporte le vent, écrit par Margaret Mitchell et adapté en 1939 à l'écran par Victor Fleming (enfin, surtout David O. Selznick, mais c'est une autre histoire), allait bénéficier d'un "préquel", mot barbare qui signifie suite, ou plutôt un prologue à l'histoire originale.

Autant en emporte le vent est le film que j'ai dû voir le plus grand nombre de fois. J'ai mis dix ans avant de m'attaquer au livre, que j'ai également beaucoup lu. Alors c'est vrai, la fin est très ouverte (la dernière phrase: "après tout, demain est un autre jour"), et ça donne des envies de suites, de prologue et d'épilogue, tant la galerie de presonnages créés par Mitchell est riche. L'auteur qui écrira le "préquel", Donald McCraig, s'est déjà distingué en écrivant une version de l'histoire de Scarlett O'Hara du point de vue de Rhett Butler, le Clan Rhett Butler, en gommant autant que possible les préjugés que l'on peut reprocher à la version originale. Après l'avoir lu, je ne me suis dit qu'une chose: si Margaret Mitchell eût écrit à la manière de McCraig, personne ne connaîtrait le nom de Scarlett O'Hara. 

L'idée de McCraig, pour ce "préquel" (mais quel nom affreux!), c'est de mettre Mamma à l'honneur. Mamma, esclave de la famille Robillard, dévouée corps et âme à Ellen Robillard, sa jeune maîtresse, puis aux trois filles de celle-ci, les petites O'Hara, et enfin à la petite-fille d'Ellen, Bonnie Butler. Je ne sais pas comment McCraig se tirera du fait que Mamma est une esclave et refuse d'être une affranchie quand elle en a la possibilité, et comment il expliquera son dévouement viscéral à Scarlett sans évoquer le problème délicat de l'esclavage. Car le personnage de Mamma est imbriquée dans la vision très positive qu'en a l'auteure, et en est presque sa justification par l'exemple. J'image que McCraig fera une pirouette un peu grotesque, à l'exemple, dans le Clan Rhett Butler, où pour justifier le meurtre commis par Rhett sur un Noir, il est dit que celui-ci l'a tué afin de lui éviter la pendaison !

Par curiosté, j'aimerai voir comment McCraig va se tirer de ce défi. Je suis néanmoins presque sûre d'une chose: il dédiera son livre à Hattie McDaniel, l'interprète de Mamma à l'écran.

Olivia de Havilland & Hattie McDaniel

Margaret Mitchell (trad. Pierre-François Caillé), Autant en emporte le vent, Gallimard, 1939

Donald McCraig (trad. Camille Letillon), le Clan Rhett Butler, Oh Éditions, 2007

 

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