Arrêt d'autobus, de Joshua Logan (1956): une danseuse et un cow-boy
Premier "vrai" rôle dramatique d'une Marilyn Monroe alors au sommet de sa gloire, Arrêt d'autobus est tiré d'une pièce un peu poussive, devenu, sous la houlette de Joshua Logan, réalisateur un peu oublié aujourd'hui, un film plaisant, mais sans plus.
Chérie (Marilyn) est une chanteuse de baltringue sans talent, qui végète à Phoenix en attendant l'occasion de partir pour Hollywood. Bo Decker (Don Murray), un cow-boy du Montana sans expérience, arrive en ville pour y participer à un rodéo et, espère-t-il, "trouver un ange". Il tombe sous le charme de Chérie, et fera tout pour obtenir ses faveurs - et sa main.
Après le succès inouï de Sept ans de réflexion, son précédent film, miss Monroe est devenue la star incontestable du cinéma américain et mondial. La Fox continue pourtant à lui proposer des scénarios sans intérêt, voire ineptes. L'actrice s'enfuit alors à New York, prend des cours d'art dramatique chez Lee Strasberg, monte sa propre société de production, rencontre Arthur Miller et met sa carrière en sommeil. Un an plus tard, la Fox a plié devant le coup de force: le studio accepte les exigences de l'actrice, notamment sa volonté de ne travailler qu'avec des réalisateurs qu'elle aura choisis, pour des scenarii qu'elle aura validés. Elle revient, donc, avec Arrêt d'autobus, une histoire qui ressemble un peu à celle de Rivière sans retour, où elle tient le type de personnage qu'elle voulait laisser loin derrière elle. Mais c'est un rôle dramatique. Et c'est ça, ce qu'elle veut ; hormi Troublez-moi ce soir et Niagara, elle n'en a jamais eu. Arrêt d'autobus est l'occasion de faire son retour, en force, dans un registre inhabituel, et de montrer ce qu'elle a appris avec Lee Strasberg. Et ça marche : la campagne de promotion est basée sur l'argument "Marilyn joue" - rappelant le fameux "Garbo rit" 18 ans plus tôt. Pour la première fois, la star reçoit des compliments élogieux sur son jeu d'actrice - il est vrai, admirable.
"Marilyn parvient à faire de Chérie un personnage si triste, à la sexualité si désespérée, si aveugle aussi à l'inéluctable échec de sa vie, que d'aucuns considèreront Bus stop comme son plus grand rôle", écrira Gérard Miller dans le documentaire Marilyn malgré elle. Certes. Néanmoins, le sujet, est désormais bien daté, et la mise en scène de Logan, pour propre qu'elle soit, n'a guère d'éclat. N'y a-t-il aucune autre issue pour Chérie que de finir dans les bras d'un cow-boy sans charme, qui la poursuit au lasso? Sans doute pas à l'époque. Un film doux-amer, donc, qui vaut pour la luminosité incomparable de son actrice principale.
ARRÊT D'AUTOBUS (BUS STOP)
20th Century Fox, 1956
Réalisation : Joshua Logan, d'après la pièce de William Inge
Photographie : Milton R. Krassner
Distribution : Marilyn Monroe (Chérie), Don Murray (Bo), Arthur O'Connell (Virgil), Betty Field (Grace)
Premier visonnage: cassette vidéo
Fims avec Marilyn: les Reines du music hall, les hommes préfèrent les blondes, Certains l'aiment chaud, les Désaxés, Sept ans de réflexion