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Un certain cinéma
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17 mars 2014

La Chartreuse de Parme, de Christian-Jaque (1948): le souffle poétique à la française

Une des trois oeuvres majeures de Stendhalla Chartreuse de Parme a peu séduit les cinéastes: une adaptation sur grand écran et deux téléfilms à peine. Peut-être que la multitudes de personnages, de rebondissements et la toile politique très particulière du roman ont rebuté les éventuels candidats, ou peut-être que le film de Christian-Jaque, le premier à être tiré de l'oeuvre, a-t-il découragé les téméraires.

N'ayant jamais lu la Chartreuse de Parme, et n'ayant pas honte d'avouer que je ne connaissais pas même l'intrigue - seulement le nom du héros principal, Fabrice Del Dongo - j'ai abordé le film de Christian-Jaque en véritable curieuse, et sans attente d'aucune sorte de fidélité à l'oeuvre d'origine ou autre chose. Film assez long pour son temps (2h45, moi qui voulait regarder un film pas trop long avant de dormir...) mais rarissime à l'écran, il est d'une beauté assez exceptionnel.

Clélia et Fabrice, les amants malheureux

Très bien conservé, il narre donc les aventures - enfin, surtout les mésaventures - de Fabrice Del Dongo (Gérard Philipe), coadjuteur en recherche d'un emploi à Parme, entouré de sa tante, la duchesse Sanseverina (Maria Casarès), éprise de lui, le Premier ministre du duché, le comte Mosca (Tullio Carminati), épris de la Sanseverina, et le prince Ernest IV de Parme (Louis Salou), détestant tout le monde - à l'exception de la Sanseverina, dont la beauté le flatte - et épris de lui-même. L'histoire commence comme un vaudeville, jusqu'à ce qu'elle bascule dans le drame, voire le drame politique: Fabrice, homme à bonnes fortunes, tue le protecteur de la comédienne qu'il séduit; enfermé dans la prison de Parme, en haut d'une tour, il a pour seule vue la maison du gouverneur de la prison... et la fille de ce dernier, Clélia (Renée Faure), dont il va tomber profondément amoureux. La suite? une évasion, un voeu, une révolution, et des amours impossibles. Une histoire d'une richesse incroyable, et dont les différentes étapes se suivent sans effort apparent, comme une évidence. Si riches que soient ces rebondissements, jamais je n'ai vu le temps passer, et surtout, jamais il n'altère la cohésion du film, ni le rythme que le réalisateur lui donne. Ajoutons à cela des comédiens d'un métier consommé, jouant sans jamais douter de leur rôle, avec une aisance incomparable et se complétant à merveille. Et qui ne serait touché par la beauté lumineuse de Gérard Philipe, qui transperse l'écran à chacune de ses apparitions?

la Sanseverina (Maria Casarès) et Mosca (Tullio Carminati)

On peut ajouter deux anecdotes, pour le plaisir: Renée Faure, de la Comédie-Française, était l'épouse de Christian-Jaque au moment du tournage du film; et Gérard Philipe, très à son aise dans les rôles de jeunes premiers époque romantique - mais qui pouvait les incarner mieux que lui? - endossera également le rôle de Julien Sorel, autre héros majeur de Stendhal, dans le Rouge et le noir, de Claude Autant-Lara (1954).

affiche Chartreuse de Parme

LA CHARTREUSE DE PARME

Films André Paulvé, 1948

Réalisation: Christian-Jaque, d'après l'oeuvre de Stendhal

Photographie: Nicolas Hayer

Avec: Renée Faure (Clélia Conti), Lucien Coëdel (Rassi), Louis Salou (le prince Ernest IV), Maria Casarès (la duchesse Sanseverina), et Gérard Philipe (Fabrice del Dongo), ainsi que Tullio Carminati (Mosca)

Premier visionnage: cinéma de minuit

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