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Un certain cinéma
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28 janvier 2017

la Passion de Jeanne d'Arc, de Carl Theodor Dreyer (1927): Jeanne face à ses juges

Film qui fit date dans l'histoire du cinéma mondial, j'eus la chance de voir cette Passion de Jeanne d'Arc à la Cinémathèque française, avec un accompagnement au piano donné par Jean-François Zygel en personne. Cinéaste à la carrière longue, Dreyer tournera pourtant peu: quatorze films entre 1918 et 1964. Sa Passion, tournée lors des dernières heures du parlant, est un chef-d'oeuvre à découvrir.

célébrissime image du film

L'histoire est limpide: Jeanne a été arrêtée. Elle est jugée par un collège de religieux pour ses actes et sa tenue masculine. Mise à la question, elle avoue ses "péchés", puis se retracte, le visage illuminé par sa foi. Elle est finalement menée au bûcher et brûlée devant la population.

Le visage de Jeanne, c'est celui de Falconetti. Une comédienne de théâtre, nommée parfois Renée Falconetti ou Mlle Falconetti selon les distributions, qui irradie dans le rôle de Jeanne et marque à jamais l'image de la guerrière vierge au cinéma. Son visage aux traits peu marqués, ses cheveux coupés ras offrant un halo à son front admirable, ses mains magnifiquement expressives et ses yeux, dévorants, humides et presque fous, tout contribue à faire de Jeanne l'image de la foi et de la pureté face à un collège d'hommes, aux traits creusés et anguleux, vieux, en meute face à Jeanne seule. Dreyer en fait une brebis harcelée par des loups, une martyre face à la meute. 

la Passion de Jeanne d'Arc

On peut craindre, avec un sujet aussi mince, un film contemplatif: il n'en est rien. Le cinéaste avait prévu de faire un film parlant. Or, des soucis techniques l'amènent a reconsidérer sa position, et c'est un muet qui se tourne, mais avec un rythme caractéristique du parlant: saccadé, rapide, nerveux. Les prises de vue, géométries admirables, avec des noirs, des blancs et des gris somptueux, offrent une vision terrifiante de la fin de Jeanne. Le seul rayon d'espoir vient d'un des religieux, jeune et encore à l'écoute de sa foi, qui doute de la culpabilité de Jeanne. Il s'interroge, tente une explication, puis la laisse partir vers son destin.

Jeanne souffre sa Passion, et c'est terrible. Falconetti, son interprète, qui marque ainsi l'histoire du cinéma, finira tristement: après quelques rôles au théâtre (notamment Andromaque lors de la création de la Guerre de Troie n'aura pas lieu, mise en scène de Louis Jouvet), elle s'exile en Argentine pendant la Seconde Guerre mondiale et s'y donne la mort, en 1946.

affiche Passion de Jeanne d'Arc

LA PASSION DE JEANNE D'ARC

Société Générale des Films, 1927

Réalisation: Carl Theodor Dreyer

Photographie: Rudolph Maté

Distribution: Falconetti (Jeanne), Silvain (l'évêque Pierre Cauchon)

Premier visionnage: Cinémathèque française.

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Commentaires
L
Jeanne d'Arc est une personnage historique qui a dû mal à m'intéresser - peut-être à tort. C'est vrai que je pourrai essayer de la découvrir à travers des films, cela passerait peut-être mieux. Je ne connais pas du tout ce cinéaste
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G
Rholala, je suis un peu jalouse: la passion de Jeanne d'Arc à voir à la cinémathèque, c'est déjà la grande classe, mais si en plus c'est Maître Zygel (je ne l'ai vu qu'une fois en concert, mais je rêve d'y retourner) met ses mains à contribution...
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R
C'est un chef d'oeuvre, c'est indéniable. Ce film m'a marqué aussi.<br /> <br /> J'aime le cinéma muet mais j'ai tendance à toujours trouvé le film plus long qu'un parlant.<br /> <br /> Bisous à toi et à plus sur nos blogs respectifs!
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