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Un certain cinéma
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24 juin 2014

Trois Cléopâtre au cinéma : Bara, Colbert, Taylor

Le Mystère Cléopâtre est le titre donné à une exposition organisée par la Pinacothèque de Paris. En deux parties, elle évoque d'abord la réalité du personnage de Cléopâtre (VII, pour les érudits), avec statues, bronzes, bijoux, monnaie à son effigie et cartouche à son chiffre, sans oublier les figures de César, Octave, Marc Antoine et Césarion. Même ses frères Ptolémé XIII et XIV (un mort en fuite, l'autre empoisonné par elle, tous deux ses maris) et ses soeurs Bérénice IV (tuée par leur père) et Arsinoé IV (mise à mort par Marc Antoine) sont représentés. Puis, seconde partie, le personnage de Cléopâtre tel qu'il arrive dans les arts à l'état de mythe (vers le XVIe siècle à peu près). Outre les tableaux, romans, pièces et opéras, il y eut bien sûr le cinéma, qui s'empare très vite de la reine égyptienne.

Des Cléopâtres de celluloid, il y en eut un certain nombre, mais on en retient généralement trois: Theda Bara, Claudette Colbert et Elizabeth Taylor (évidemment). Je vais faire l'impasse sur Vivien Leigh, à mon grand regret, car le film où elle l'incarne, César et Cléopâtre (Pascal, 1946), n'est pas très représentatif.

Theda Bara, Cléopâtre fatale d'un certain Hollywood

Au commencement était Theda Bara, première femme fatale de l'écran, et première vamp. Incarnant toutes sortes de créatures envoûtantes et mystèrieuses, au parfum de scandale et d'Orient, elle fut Carmen, Salomé et quantités de tentatrices, réclamé avec passion par le public américain. Hélas, sauvegarder les pellicules de film n'était pas la première préoccupation des pionniers du cinéma. A moins qu'on ne les retrouve dans un vieux cinéma désafecté d'Amérique du Sud, comme ce fut le cas avec l'une des bobines, présumée perdue, de Métropolis, le film Cléopâtre, tourné en 1917 par Theda et réalisé par J. Gordon Edward, n'existe plus. Reste les nombreuses photos, qui assurèrent la promotion du film, et son parfum sulfureux (pour l'époque, on s'entend bien). On constate que, tout comme en peinture, l'orientalisme n'est qu'un prétexte à découvrir la gorge des femmes.

La gorge blanche de Theda Bara, l'une des meilleures publicités du film

En 1934, le cinéma parle. Cecil B. DeMille, qui a délaissé les comédies sophistiquées de ses débuts, dans lesquelles étincelait Gloria Swanson, se penche sur les sujets antiques à forte connotation sensuelle (pour info, bien que son père fût pasteur, sa devise était "Dieu et Sexe"). Il s'empare de la reine d'Égypte et lui donne les traits de Claudette Colbert. C'est une Cléopâtre tout à la fois mutine et fielleuse, espiègle et ambitieuse, évoluant dans des décors égyptiens assez réalistes, quoique ponctués d'une touche Art Déco. Et c'est assez bien vu.

Claudette Colbert, Cléopâtre Art Déco

Claudette Colbert eût pu rester la seule Cléopâtre visible, sans le film qui emporta sur son passage, en 1963: la Cléopâtre de Joseph Mankiewicz, avec Elizabeth Taylor dans le rôle-titre, entouré de son vieil ami Rex Harrison en César et de son futur-ex-futur-ex mari Richard Burton en Marc Antoine. Indépendemment du tournage qui fut épique, c'est rien de le dire, et dont vous trouverez le récit dans tout ouvrage qui se respecte évoquant le péplum, le film a une vraie réflexion sur ce personnage somme toute hors du commun. Même s'il est parfoit difficile pour Liz Taylor d'être crédible en souveraine à la tête très politique et à la culture très étendue, Cléopâtre n'est pas représentée comme une simple séductrice. Elle est dans le registre de la comédie avec César, dans celui du drame avec Marc Antoine; elle joue un jeu égal avec ces deux puissants hommes, s'affirmant à la fois comme reine, et comme partenaire politique de Rome. En cela, le film fait la part belle à son action de souveraine, tout autant qu'à ses deux fameuses amours.

Les yeux violets les plus célèbres au service de la plus célèbre des reines

Trois Cléopâtre mémorables, donc, et chacune représentative de son époque. Il n'en reste pas moins que, quel que soit le film, Cléopâtre reste un sujet fascinant, qui reste encore à exploiter et à explorer. Quoiqu'il soit difficile de passer après Liz Taylor, qui a littéralement transposé la vie de la souveraine égyptienne dans sa réalité à elle. Un exploit, en somme: vivre comme une reine d'Égypte au XXe siècle, il n'y avait qu'elle pour pouvoir le faire.

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Commentaires
C
Oui, tu dois! Prévois une plage de 3h30, et... profite! Tu en prendras plein les yeux!<br /> <br /> Moi aussi je suis fan de Theda Bara, elle est extraordinaire.<br /> <br /> Des bises!
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R
J'ai une grande admiration pour Theda Bara! Il faut absolument que je voie Cléopâtre avec Elizabeth Taylor!
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