29 janvier 2017

la Belle équipe, de Julien Duvivier (1936): cinq compères gagnent le gros lot

Film symbole des années 30, du Front populaire et des lendemains qui chantent, la Belle équipe, chef-d'oeuvre de Julien Duvivier, est pourtant très difficile à voir. La raison? une guerre entre l'héritier Duvivier et un éditeur potentiel au sujet de la fin du film. Le cinéaste avait tourné une fin tragique; jugée trop négative, les producteurs exigèrent une autre fin, optimiste. Le film, exploité ainsi en 1936, n'a aucun succès. Et pendant soixante ans, Duvivier fils et éditeur se déchirèrent au sujet de la fin à choisir, rendant... [Lire la suite]

25 octobre 2015

Certains l'aiment chaud, de Billy Wilder (1959): l'homme est une femme comme les autres… et inversement

Summum inégalé de la comédie américaine, mélange inattendu et parfaitement maîtrisé de gangsters, de burlesque, d'amour et de loufoquerie, Certains l'aiment chaud peut faire mentir la réplique finale qui clôt son histoire: personne n'est parfait, mais un film peut atteindre la perfection. À ce degré-là, c'est du jamais vu, un comique étincelant oublié depuis les screwball comedies d'Hawks, de Lubitsch ou de Capra. La seule différence, c'est que Billy Wilder mixe les genres avec un art consommé de la mise en scène et de... [Lire la suite]
05 octobre 2015

Ninotschka, d'Ernst Lubitsch (1939): l'espionne qui venait du froid

Première comédie de Greta Garbo, avant-dernier film de la Divine, un slogan minimaliste resté célèbre ("Garbo rit!"): Ninotschka ne m'avait pourtant pas emballée, lorsque, adolescente, je le vis pour la première fois. Comme on peut changer d'avis, et qu'après tout, un Lubitsch reste un gage de qualité, j'ai eu l'envie de le revoir la semaine dernière. Et j'ai bien fait. Trois agents soviétiques arrivent à Paris dans le but de revendre des bijoux confisqués par la Révolution russe. La grande-duchesse Swana (Ina Claire),... [Lire la suite]
03 juillet 2015

L'Esclave libre, de Raoul Walsh (1957): Clark Gable et la mulâtresse

Les programmations télévisées réservent parfois de belles surprises: il y a de cela quelques dimanches, alors que je cherchais quoi regarder, Arte m'annonce la diffusion imminente d'une film avec... Clark Gable, Clarki, l'Esclave libre précisément. Ni une, ni deux, je dégaine une cassette vidéo, j'enregistre... et je regarde en même temps, car c'est trop bien. Tiré du roman du même nom de Robert Penn Warren, je n'ai jamais pu venir à bout de l'oeuvre originale; l'écriture, peut-être, l'absence totale de légèreté, et cette... [Lire la suite]
24 mai 2015

Les Choses de la vie, de Claude Sautet (1970): cigarettes à tous les étages

Il y a quelques mois, Arte programmait une rétrospective Claude Sautet. Ce fut pour moi l'occasion de découvrir certains de ses films, tels que Mado (qui ne vaut pas un clou et est déprimant au possible) et le film dont il est question dans ce message, les Choses de la vie. Pour une cinéphile avertie, ce film est déjà connu sans avoir été vu: je connais la musique, je sais que Piccoli et Schneider en sont les héros, qu'il est question d'accident de la route, et que ce film, le premier de la collaboration entre Sautet et... [Lire la suite]
29 avril 2015

La Femme modèle, de Vincente Minnelli (1957): Bacall et Peck sont d'humeur printanière

Aujourd'hui, gros plan au sujet d'un film adorable découvert il y a peu: la Femme modèle, de Vincente Minnelli. Ne vous laissez pas abuser par son titre: la femme modèle est ici une modéliste (comme l'indique le titre original anglais, Designing woman), non une épouse parfaite. Il a également la particularité d'être l'une des rares films de Minnelli qui ne soit pas une comédie musicale (bien que certaines séquences dansées soient présentes) et de réunir dans une comédie légère deux acteurs pas franchement connus pour être... [Lire la suite]

29 octobre 2014

Drôle de drame, de Marcel Carné (1937): "à force d'écrire des choses horribles, les choses horribles finissent par arriver".

Drôle de drame est le film de Marcel Carné qui m'a fait le plus rire, plus qu'Hôtel du Nord; cette adaptation d'une pièce de théâtre burlesque de Joseph Storer Clouston est un festival de drôlerie, d'absurde et de saillies spirituelles. Servi par des acteurs venant tous de la scène (Simon, Rosay, Barrault, Jouvet, Aumont), Drôle de drame est le film de Carné le mieux maîtrisé en terme de tempo comique et de dialogues étourdissants. Le point de départ de l’intrigue est un quiproquo presque tragique: une femme refusant... [Lire la suite]
14 août 2014

La Dame du vendredi, d'Howard Hawks (1940): dans l'intimité d'une salle de presse

La Dame du vendredi ne m'intéressait pas à l'époque où j'eusse dû l'apprécier: filmé dans seulement trois décors différents, resserré dans le temps et faisant l'apologie d'un journalisme prêt à tout pour obtenir une exclusivité, ce film me parut cynique et un peu amoral. Désormais, j'ai grandi, je travaille dans les relations presse, et cette oeuvre d'Howard Hawks a soudain pris un tout autre sens: les atmosphères des salles de presse sont les mêmes en 2014 qu'en 1940. Walter Burns (Cary Grant, dans un de ses grands personnages... [Lire la suite]
09 juillet 2014

Laissez Rock Hudson tranquille!

Arte diffusait dimanche dernier un documentaire intitulé "Rock Hudson, beau ténébreux". Il faisait davantage la part belle à l'homosexualtié de Rock Hudson et comment il réussit à la cacher (elle était alors totalement ignorée du grand public) plutôt qu'à son jeu d'acteur et à sa présence quasi physique sur pellicule. C'est bien dommage, car un homme qui a tourné huit fois avec Douglas Sirk (un record) n'est pas autre chose qu'un très grand acteur. Et peu importe ses orientations. Ce n'est pas un sujet. Point barre.
29 mai 2014

La Peau douce, de François Truffaut (1964): l'adultère dans la France du Général

La Peau douce est le film de François Truffaut que je préfère. Auparavant, ma préférence allait au Dernier métro, que j'avais vu et revu jusqu'à en savoir les dialogues par coeur. Quand j'ai découvert la Peau douce, qui fut réalisé près de vingt ans auparavant, je l'ai immédiatement apprécié. Là où le Dernier métro est un film très maîtrisé, très calibré pour le grand public et dont la trame est parfaitement identifiable - ce qui n'enlève rien à sa valeur, loin de là -, la Peau douce est remarquable de finesse et... [Lire la suite]