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Un certain cinéma
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12 mai 2019

Vivre et aimer, de Clarence Brown (1934) : l'ascension sociale de Sadie McKee

Pour les paresseux et paresseuses, la filmographie de Joan Crawford se résume à un western sans intérêt, Johnny Guitare (mais où était donc passé le Nicholas Ray de Traquenard?) et au grotesque Qu'est-il arrivé à Baby Jane? aux côtés d'une Bette Davis en plein cabotinage. Mais Joan Crawford fut beaucoup plus que ça : flapper dans les années 20, jeune femme voulant gravir l'échelle sociale dans les années 30, femme marquée par la vie mais pour laquelle une rédemption est encore possible dans les années 40... et une abstraction très malsaine, le visage marqué par la chirurgie esthétique et l'amertume dans les années 50. Et la partie la plus intéressante de sa filmographie est également celle qu'on voit le moins : les années 30, donc, ses meilleures années, où elle cohabitait avec les plus grandes stars dans le plus prestigieux des studios, la MGM.

Annex - Tone, Franchot (Sadie McKee)_01

Sadie McKee (Joan Crawford), fille de la cuisinière d'une maison de bonne famille, est amoureuse de Tommy Wallace (Gene Raymond), un jeune homme jugé sans avenir. Quand il part tenter sa chance à New York, Sadie saute dans le train pour rester avec lui. Suite à un quiproquo, Tommy ne se présente pas le jour où les deux amoureux doivent s'unir. Sadie, sans nouvelles et devant absolument gagner sa vie, devient danseuse dans un cabaret. Elle y rencontre Jack Brennan (Edward Arnold), un milliardaire alcoolique, qui lui propose le mariage. Dans le même temps, Mike Anderson (Franchot Tone), un avocat appartenant à la famille pour laquelle travaille sa mère, fait tout pour la dissuader d'épouser Brennan...

Les films de Joan Crawford, ceux de sa période faste, racontent peu ou prou la même histoire : celle d'une jeune femme de condition modeste prête à tout pour avoir une vie meilleure, quitte à être entraîneuse, entretenue ou mariée par défaut. Et si, souvent, son ascension se fait par ses charmes, elle garde un amour intact et pur pour un jeune homme qu'elle finit toujours par retrouver. C'est ce rêve que Joan Crawford offre à des milliers d'Américaines pendant la Grande dépression, grâce à des cinéastes inspirés comme Clarence Brown et Frank Borzage. Vivre et aimer reprend ce canevas : Sadie veut une vie meilleure ; un milliardaire passe, elle saute sur l'occasion et l'épouse. Mais elle garde un coeur sensible : elle pense toujours à son amour, Tommy, et guérit son mari de sa dépendance à l'alcool. Arriviste, certes, mais avec une certaine droiture et une vraie loyauté envers celui qui l'a sortie de la misère. 

Annex - Crawford, Joan (Sadie McKee)_05

Vivre et aimer, c'est l'occasion de voir l'un des plus beaux visages du muet: celui d'Esther Ralston, blonde actrice qui fait dévier Tommy du droit chemin. C'est aussi l'occasion de voir l'un des plus pâles : Franchot Tone, le charisme d'une moule, mais qui a la grande qualité, à l'époque, d'être le mari de Miss Crawford. De découvrir également deux très bons seconds rôles tombés dans l'oubli : Edward Arnold, dans le rôle du milliardaire alcoolique, qui se tire avec les honneurs d'un rôle où d'autres en auraient fait des tonnes ; et Jean Dixon, bonne copine de Sadie qui la branche pour une chambre, un job, et suit son ascension avec ironie, mais, qualité rare, sans jalousie aucune. C'est l'occasion de revoir le métier très sûr de Clarence Brown, cinéaste discret mais ô combien efficace, d'une préciosité sans afféterie, éclairant les séquences les plus noires d'une lumière d'espoir. Enfin, c'est l'occasion, bien sûr, de revoir Joan Crawford dans sa trentaine, dans un rôle rappelant l'histoire de sa vie, sobre dans son jeu et loin, très loin, pour son plus grand mérite, des excès théâtraux dont elle abusera par la suite. Et de la voir porter à merveille les tenues d'Adrian. Bonne séance!

SadieMcKee34

VIVRE ET AIMER (SADIE MCKEE)

MGM, 1934

Réalisation : Clarence Brown

Photographie : Oliver T. Marsh

Distribution : Joan Crawford (Sadie McKee), Gene Raymond (Tommy Wallace), Franchot Tone (Mike Anderson), Edward Arnold (Jack Brennan), Esther Ralston (Dolly Merrick)

Premier visionnage : Cinémathèque de Paris

Films de Clarence avec Joan : Fascination

Au sujet de Joan : premier mariage, cliché du jour

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Commentaires
L
Que de noms que je ne connais pas mais c'est pour ça que j'aime autant ton blog. Encore une découverte à voir !
Répondre
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