Sept ans de réflexion, de Billy Wilder (1955): toutes voiles dehors!
Une robe d'été soulevée par le souffle d'un métro new-yorkais : scène symbole du Septième art s'il en est ! C'est au film Sept ans de réflexion qu'on la doit, et sans doute aussi, un peu à la malice de son réalisateur, Billy Wilder. L'image statufie son actrice, Marilyn bien sûr, dans son rôle indiscutable de sex-symbol. Bien, et le film lui-même, que raconte-t-il?
A New York, pendant l'été. Les maris envoient femmes et enfants en vacances loin de la fournaise citadine. Richard Sherman (Tom Ewell) est de ceux-là. Quand tous les autres maris sont prêts à céder à la tentation adultère pendant cette parenthèse estivale, lui se jure de ne pas y succomber. C'est sans compter la présence de sa nouvelle voisine, sans nom (Marilyn Monroe), toute en blondeur et en courbes, et cherchant désespérant à se rafraîchir face à la canicule. Richard met alors en oeuvre toutes sortes de scenarii pour séduire cette créature de rêve.
Tiré d'une pièce de théâtre, Sept ans de réflexion est un film bavard. Très bavard. Très très bavard. Bavard sur un sujet qui intéresse beaucoup Wilder: la sexualité. Le coup de génie: il en fait des ressorts comiques. Sherman, pas vraiment un physique ni un âge de jeune premier, s'imagine en tombeur irrésistible de ces dames, notamment pour prouver à son épouse que, bien qu'ayant indéniablement du succès, il n'en joue pas - ce sont elles qui lui courent après ! Même schéma avec sa voisine : tout est prétexte à l'amener chez lui - enfin, surtout dans ses bras - et tout devient prétexte à quiproquo. La jeune femme vient, certes.. pour profiter de l'air conditionné.
L'arrivée de la star du film se fait attendre: 20 longues minutes ! et, comme souvent dans les films de miss Monroe, bien qu'elle soit la tête d'affiche, elle n'a pas le rôle-moteur du film. Ainsi dans Certains l'aiment chaud, Niagara, Arrêt d'autobus, le Prince et la danseuse, les Désaxés : l'action ne passe pas par son personnage. Ce qui nous prive du point de vue dudit personnage - et elle en aurait, des choses à dire, cette voisine bien roulée, sur tous ces hommes libidineux se retournant sur son passage ! Une blonde pas idiote, certes, dotée d'un certain bon sens, mais qui ne met pas en danger l'équilibre du couple américain moyen. Après avoir bien fantasmé, Richard Sherman se précipite dans le Maine rejoindre son épouse et son fils. Et laisse l'appartement à sa jolie voisine, pour qu'elle profite de l'air conditionné.
Les seconds rôles - tous masculins - rattrapent les longueurs des scènes et le verbiage du personnage de Tom Ewell. Et le mot de la fin lui revient : lorsque Tom MacKenzie, un bellâtre baraqué comme une armoire à glace qu'il soupçonne (bien sûr à tort) de vouloir séduire son épouse, débarque chez lui pour récupérer la pagaie du fils de Richard, celui-ci, tout à ses soupçons, s'imagine qu'il vient de la part d'Helen (la femme de Richard) pour demander le divorce. Et de s'emballer : "mais je peux tout expliquer, j'expliquerai tout ! le pot de fleurs cassées, les tapis pas nettoyés, la blonde dans la cuisine..." "Du calme, mon petit vieux, lui rétorque Tom, quelle blonde dans la cuisine?" "Ah, vous voudriez bien le savoir, hein? c'est peut-être Marilyn Monroe!"
SEPT ANS DE REFLEXION (THE SEVEN YEAR ITCH)
20th Century Fox, 1955
Réalisation : Billy Wilder, d'après la pièce de George Axelrod
Photographie : Milton R. Krasner
Distribution : Marilyn Monroe (la fille), Tom Ewell (Richard Sherman), Evelyn Keyes (Helen), Sonny Tufts (Tom MacKenzie)
Premier visionnage : la dernière séance
Films de Billy : Certains l'aiment chaud
Films avec Marilyn : les Reines du music hall, les hommes préfèrent les blondes, Arrêt d'autobus, Certains l'aiment chaud, les Désaxés