Dans la France des années 30, la figure de la femme fatale se résumait à un visage: celui de Mireille Balin. Séductrice à l'écran, elle vampait aussi dans la vie, où un ministre, Jean Gabin et surtout Tino Rossi figurèrent parmi ses cavaliers. Et, comme toute vamp, elle finit mal, très mal, victime de ses amours à une époque où l'on demandait, a posteriori, la plus grande circonspection.
Née à Monte-Carlo en 1909, issue d’un milieu aisé, Mireille Balin s’installe à Paris à 20 ans, devient modèle pour photographes de mode puis mannequin de haute couture. De belle et grande allure, le cinéma lui fait très vite les yeux doux: quatre ans après ses débuts, c'est Pépé le Moko puis Gueule d’amour. Elle y incarne le type même de la femme fatale, séductrice et garce intrigante à qui personne ne résiste (avec un petit côté Marlène Dietrich, à qui elle fut souvent comparée). Devenue riche, fort riche, elle tourne ensuite quelques films sans intérêt tout en menant grand train. Sa liaison avec Tino Rossi, rencontré sur le tournage de Naples au baiser de feu, fit la joie des gazettes pendant cinq ans.
Lorsque la guerre survient, Mireille Balin est au firmament de sa gloire, malgré la concurrence de la (très) jeune Michèle Morgan. Toujours en couple avec Tino, dont elle se sépare en 1941, elle fait comme la majorité des vedettes de l'écran: elle attend de voir venir. Quand la France est occupée, elle fait, là encore, comme la plupart de ses confères et consoeurs: elle continue à tourner, toute en fréquentant les soirées mondaines, les salles de jeu et les galas de l'Opéra, où se croisent bonne société et officiers allemands. Là, comme Arletty, elle tombe folle amoureuse d'un officier viennois de la Werhmacht, avec qui elle s'affiche durant toute l'Occupation.
Les femmes n'étaient pas les égales des hommes en droit à cette époque, et les amours des Françaises pour des occupants seront plus chèrement payées que tout autre. À la Libération, Mireille et son amant sont arrêtés à Beausoleil. Lui est abattu, elle battue et violée tout le long du trajet qui la ramène à Paris... par les FFI. "En ce temps-là, pour ne pas châtier les coupables, on maltraitait les filles. On alla même jusqu’à les tondre", dit Paul Éluard, en exergue de son poème Comprenne qui voudra. Ce fut la tragédie de Mireille Balin. Elle a le crâne rasé par les unités de libération, fait l’objet d’une interdiction de travail, tous ses biens sont saisis. Elle sombre dans la misère, rejetée par son ancien milieu, marquée physiquement par la maladie, et seulement aidée par l'association la Roue tourne. Mirelle Balin mourra dans l'anynomat et la pauvreté dans la salle commune d’un hôpital. Ayez une pensée pour cette gloire du cinéma français.
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