Janis, d'Amy J. Berg (2015): rock'n'roll, ready?
Pour une fois, parlons de cinéma actuel! De documentaire plus précisément, celui consacré à un personnage hors-du-commun, Janis Jpplin.
Pour faire bref, Janis, je la connais car ce fut - et c'est toujours - la grande copine de ma mère, une chanteuse à la vie complètement libre, à la voix, disons, sans commune mesure avec celles de son époque. Avec ce doc, c'est flower power à tous les étages, des vies sans plans de carrières, sans attaches, et ça fait du bien.
Ce qu'il y a de revigorant dans la vie de miss Joplin, c'est une absence totale de préméditation: elle chante car c'est une façon pour elle de se faire remarquer et accepter par des individus aussi marginaux qu'elle (en tous cas dans les années 60 au Texas); ivre de blues, elle commence dans les cafés miteux d'Austin; quand la fac l'ennuie, elle part à San Francisco. Là, elle y rencontre des musicos en pagaille, le peace and love, lal liberté et le non-jugement... et, hélas, les acides et l'héroïne.
Ce qui est génial dans ce doc? les interviews de personnes qui ont connu Janis - et toujours vivantes ! : son frère, sa soeur, les membres de Big Brother and the Holding Compagny, des présentateurs TV l'ayant reçue dans leurs émissions... et même une ancienne interview de sa propre mère! c'est surtout les témoignages de ses musiciens que j'ai trouvés géniaux: on peut s'être piqué à l'héroïne pendant des années et être toujours vivant en 2016. Incroyable.
Incroyable aussi, l'histoire de la famille de Janis. Un père ingénieur à Texaco, une mère aimante au foyer, trois enfants, pas de soucis d'argent: rien, absolument rien qui incite à une revanche sociale ou une envie d'en découdre. Janis venait simplement d'un autre monde. À cet égard, ses frères et soeurs sont de parfaits Américains moyens, gardant une vraie tendresse pour leur soeur aînée.
Les images d'archives sont à l'avenant: concerts à Monterey, Berlin, Woodstock, enregistrement de Summertimes, moments télévisés où Janis est malicieuse et pleine d'esprit... Une femme pas coiffée, pas maquillée (enfin, juste un trait de crayon sur les yeux), pas épilée, sans soutien-gorge, avec une voix qui semble un cri, mais qui peut-être douce, un tempo hors du commun: c'est tellement rafraichissant!
Une fois sorti, on ne rêve que d'une chose: envoyer balader tous ces actuels chanteurs formatés, et plus encore ceux qui se prennent pour des rebelles, ceux qui croient faire du rock, et écouter Ball and Chain à fond. Janis, come back!
JANIS (JANIS: LITTLE GIRL BLUE)
Filmrise, 2015
Réalisation: Amy J. Berg
Premier visionnage: cinéma Vog