French cancan, de Jean Renoir (1954): Paris, reine du monde
Les comédies musicales américaines donnent la pêche quand on a le cafard: on a déjà évoqué les bienfaits thérapeutiques de Chantons sous la pluie ou de la Danseuse des Folies Ziegfeld. Mais certains films français du même genre ne sont pas à dédaigner! Pour moi, celui qui a le mieux vieilli reste French Cancan.
L'histoire est toute simple - elle est même dans le titre: Danglars (Jean Gabin), le propriétaire du cabaret le Paravent Chinois, décide de relancer une vieille danse passée de mode, le cancan, pour les beaux yeux d'une (jeune) lingère, Nini (Françoise Arnoul). Quelques obstacles se dresseront sur sa route: sa sculpturale maîtresse, la Belle Abbesse (Maria Félix), les financiers... et les amoureux de Nini, un boulanger et un prince. Aux côtés de Danglars, un ancien clerc de notaire voulant faire du théâtre, Casimir (Philippe Clay), une ancienne danseuse de cancan, Mimi Prunelle (Pâquerette), et tout un joyeux bazar qui aboutira, non sans heurt, à la création du Moulin-Rouge.
Bien sûr, la couleur a fait son temps. Bien sûr, la diction de Jean Gabin période après-guerre donne un coup de vieux à n'importe quel film. Bien sûr, c'est édulcoré. Bien sûr, les danseuses légères finissaient souvent mal. Mais quand on a sous les yeux des tableaux vivants de Renoir père, de Degas, de Lautrec, pourquoi bouder son plaisir? On a un Montmartre d'opérette, tel que se l'imaginent encore les cars de Japonais ou d'Américains qui déferlent dans le 18e arrondissement, et ça marche. Voir et entendre Maria Félix, chevelure de jais et tempérament de feu (elle est Mexicaine, attention aux vapeurs de téquila), est un régal. Tous les seconds rôles, et il y en a pléthore, ajoute le cherme nécessaire à l'histoire pour en faire un tableau plus vrai que nature. Le financier Walter, le boulanger Paulo, le prince Alexandre, le trio de pickpockets, le Pierrot siffleur... n'en jetez plus! Ce film est fait pour rendre heureux. Le final avec le fameux cancan est un sommet du genre et n'a jamais été égalé. Et la Belle Abbesse finit par épouser le plus riche de ses amants, le financier Walter: Tout est bien!
FRENCH CANCAN
Gaumont, 1954
Réalisation: Jean Renoir, d'après une idée d'André-Paul Antoine
Photographie: Michel Kelber
Distribution: Jean Gabin (Danglars), Françoise Arnoul (Nini), Maria Felix (la Belle Abbesse/Lola), Philippe Clay (Casimir le Serpentin).
Premier visionnage: La Cinquième
Films de Jean Renoir: Toni
Film avec Jean: la Belle équipe, En cas de malheur