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Un certain cinéma
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20 octobre 2014

Saveurs indiennes ou la Boîte à lunch, de Ritesh Batra (2013): la romance épistolaire existe encore

Programmé dans le cadre de la Semaine du goût dans le cinéma de ma ville, Saveurs indiennes est à mille lieues des films bollywoodiens que j'ai vus jusqu'ici. Pour faire court, j'ai découvert le cinéma indien avec Devdas, vu par hasard dans une des seules salles projetant du Bollywood, le Brady, boulevard de Strasbourg, Paris-9 (si cela vous intéresse, il y a aussi, quelques numéros plus loin, l'Albatros). Émerveillée par les couleurs, les danses et la féerie qui se dégageaient de ce mélodrame de 3h30 (et par la beauté d'extraterrestre d'Aishwarya Rai), j'ai vu d'autres films de cette industrie... eux franchement plus kitsch, presque risibles, et qui ne duraient jamais moins de trois heures. Dans cet océan de productions toutes plus chamarrées les unes que les autres, ces Saveurs indiennes sobres et paisibles furent bienvenues.

The-Lunchbox

C'est l'histoire d'une jeune femme mariée, Ila (Nimrat Kaur), qui prépare chaque matin la boîte à lunch de son mari. Un livreur vient chercher la boîte, la charge sur un vélo, dans un train, dans un bateau, jusqu'à être livrée au bureau du destinataire. Puis la boîte fait le même trajet en sens inverse dans la journée, avant le retour du travailleur. Une véritable industrie de livraison du déjeuner - et qui implique d'avoir quelqu'un chez soi qui cuisine pour vous. La boîte d'Ila n'arrive pas à son destinataire: c'est un homme veuf, Saajan (Irrfan Khan), comptable taiseux en quasi pré-retraite qui la reçoit, et qui est un peu interloqué de découvrir que la cuisine que lui livre sa société de restauration est d'un seul coup devenue succulente. Ila glisse alors un mot dans la boîte du lendemain, en supposant que la même erreur de livraison sera faite. Et ainsi de suite, une correspondance pudique s'engage entre les deux protagonistes.

le faux destinataire, Saajan

Un film indien actuel sans chanson ni danse, sans vêtement étincelant ni bijou éblouissant, ni stars bollywoodiennes, se déroulant au sein de la classe moyenne et avec une fin très ouverte, ce n'est pas ordinaire. Cela aurait pu être un film allemand, ou même français: les jours sont filmés de la même façon, les dialogues sont réduits à l'essentiel, et les deux protagonistes ne se croiseront jamais; une fois, Ila attend Sajaan dans un café, qui ne vient pas. Elle se venge en lui revoyant une boîte à lunch... vide. À travers les vies de ces deux personnages pas tout à fait malheureux, mais pas tellement heureux non plus, c'est un autre visage de l'Inde qui nous est présentés. Finalement, Ila, qui sait que son mari la trompe, vend ses bijoux pour partir au Bhoutan avec sa fille; Saajan, lui, accepte de se lier avec son remplaçant, un jeune orphelin ayant soif d'apprendre, et va finalement faire le trajet inverse de la boîte à lunch qu'il recevait tous les jours, afin de rencontrer Ila. Le film se termine ainsi, et laisse place à toutes les rêveries. À l'heure des nouvelles technologies et de la prolifération des moyens de communication, une lettre peut encore ouvrir sur tous les possibles. Je rêverai de commencer une romance ainsi.

affiche Saveurs indiennes

SAVEURS INDIENNES (DABBA)

DAR Motion Pictures, Sikhva Entertainment, 2013

Réalisation: Ritesh Batra

Photographie: Michael Simmonds

Distribution: Irrfan Khan (Saajan Fernandes), Nimrat Kaur (Ila), Nawazuddin Siddiqui (Shaikh)

Premier visionnage: cinéma Vog

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Commentaires
R
Tu me donnes vraiment envie de le voir :).
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