Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un certain cinéma
Pages
Archives
Newsletter
15 septembre 2014

Populaire, de Régis Roinsard (2012): l'amour à vitesse dactylographique

Film sorti en pleine vague Mad MenPopulaire ne m'a d'abord pas intéressée; je n'y voyais qu'une pâle copie de ce que le génial Matthew Weiner faisait avec Don Draper. De plus, Populaire me paraissait opportuniste: en surfant sur l'engouement suscité par Mad Men et le revival de la mode fifties, c'était un bon moyen, à moindre frais, de ramener quelques spectateurs égarés. Comme quoi, on peut avoir des opinions tranchées, et être aussi très bête.

Vu hier sur les conseils d'un membre de ma famille, Populaire est en réalité un adorable petit film, dont les décors années fifties sont loin, très loin d'être le seul atout: au contraire, ils servent le plus justement possible une intrigue qui ne pouvait se dérouler qu'en ces années 1958-1959. C'est donc l'histoire de Rose Pamphyle (Déborah François), jeune Normande promise à un avenir de femme au foyer pas rêvée du tout, et qui ne veut, elle, qu'être une jeune fille "moderne", c'est-à-dire avoir un métier "moderne". Rêvant de la machine à écrire Triumph exposée dans la boutique de son père, elle apprend, en cachette, à taper sur cet engin synonyme de ville, d'avenir et d'industrie. À Lisieux, elle postule à un emploi de secrétaire chez un assureur beau garçon, Louis Échard (Romain Duris). Ce dernier se rend vite compte que Rose n'a aucune aptitude pour ce travail, excepté sa rapidité de frappe, ébouriffante (dans tous les sens du mot!). Compétiteur dans l'âme, Louis engage Rose afin que, moins qu'une secrétaire, elle devienne championne de vitesse dactylographique. Après une première défaite, Louis, comme enragé, prend Rose chez lui et la soumet à un entraînement intensif afin que, après les régionales, elle affronte la championne de France, puis du monde! Cet arrangement ne va pas sans certains ragots, car Louis vit seul dans la maison familiale...

Le Post-it n'existe pas encore

Admirative de Déborah François depuis que je l'ai vue dans Dombais et fils, elle prête au personnage de Rose Pamphyle, grande fille maladroite sachant ce qu'elle veut, toute sa malice et son charme. Romains Duris lui fait écho dans le rôle un peu ingrat de Louis Échard, assureur passionné de compétition, et dont on ne sait pas, jusqu'à la fin, s'il tombera finalement dans les bras de sa championne. Populaire a également une galaxie de très beaux seconds rôles: Bérénice Béjo, ancien amour de Louis désormais mariée à un G.I., Eddy Mitchell et Miou-Miou, les débonnaires parents de Louis, Mélanie Bernier, la championne de France Annie Leprince-Ringuet, et Nicolas Bedos - qui pour une fois s'efface devant son personnage -, fils de bonne famille couvant des yeux chaque championne sponsorisée par son père, M. Japy, le patron des fameuses machines à écrire. Petite mention à Caroline Tillette, qui était extraordinaire en Albertine Simonet dans À la recherche du temps perdu (Nina Companeez), et à Dominique Reymond, actrice admirable (vue dans Un pique-nique chez Osiris, également de Nina Companeez).

il faut non seulement taper, mais insérer le papier!

Si un concours de vitesse dactylographique peut paraître complètement suranné, n'oublions pas qu'aux balbutiements du téléphone cellulaire, il y eut des concours de vitesse de texto, fait selon le même barême: était désigné vainqueur celui - ou celle - qui tapait ou pianotait le plus de lettres à la minute! Populaire ne tombe pas non plus dans les travers de certains films d'aujourd'hui se déroulant pendant les Trente Glorieuses: si Rose Pamphyle veut être une jeune fille moderne, elle n'est pas non plus une révolutionnaire. Sa révolution à elle, c'est de quitter son bourg pour aller à la ville avec son unique don: sa vitesse de frappe. Sa baguette magique, ce fut cette machine à écrire en devanture du magasin familial; sa marraine, ce sera Louis Échard. L'apprentissage du clavier par Rose m'a rappelé le mien, lorsque j'ai dû taper pour la première fois sur les touches d'un Minitel: avec mon index droit et un temps infini pour trouver chaque lettre. Conclusion: taper sur un clavier n'a rien de naturel, et nous sommes tous devenus des robots.

affiche Populaire

POPULAIRE

Alain Attal, 2012

Réalisation: Régis Roinsard

Photographie: Guillaume Schiffman

Distribution: Romain Duris (Louis Échard), Déborah François (Rose Pamphyle), Bérénice Béjo (Marie Taylor), Shaun Benson (Bob Taylor), Mélanie Bernier (Annie Leprince-Ringuet), Nicolas Bedos (Japy fils), Miou-Miou (Mme Échard), Eddy Mitchell (M. Échard)

Premier visionnage: support DVD

Publicité
Commentaires
R
J'ai beaucoup aimé ce film qui fait du bien je trouve.<br /> <br /> Oui il surfe sur la vague rétro mais comme tu dis, ce n'est pas seulement ça.<br /> <br /> Il y a l'envie tout simplement de se construire, de s'en sortir.
Répondre
T
J'ai eu la chance de voir ce film lors d'une avant-première qui se déroulait dans ma ville et je t'avoue, que je n'y allais pas réellement de gaieté de cœur au début, mais plutôt pour suivre une amie. Je me disais "encore un film à l'eau de rose sur fond de fifties", même si à la base, c'est bien l'époque qui m'intéressait.<br /> <br /> Et puis, j'ai adoré ! Déborah François apporte une fraîcheur et un dynamisme vraiment fabuleux. La romance est un peu mièvre mais tellement mignonne. Ce fut une belle surprise et une belle soirée (l'actrice était là pour en parler !!).
Répondre
Publicité