Des actrices dans la peau de Marilyn (Monroe): pourquoi enlaidir quelque chose de beau?
Aujourd'hui grand papier existentiel dans le Figaro : on fait le bilan des actrices ayant glissé leur beauté ou leur talent - voire les deux - dans la peau de la plus célèbres des blondes, la MM que j'aime. Le timing de l'article? On relance l'idée du filmé tiré de Blonde, le roman un peu fêlé que Joyce Carol Oates a tiré de la vie de MM: après avoir tenu la corde pendant des années, il semblerait que Naomi Watts ne soit plus du projet (son interprétation de Lady Di a dû la carboniser à vie), et que Jessica Chastain, une rousse (pourquoi pas?) tienne le bon bout. Dans le papier, on trouve pêle-mêle Michelle Williams, Lindsay Lohan, Poppy Montgomery, cette brunette de Madonna, Pénelope Cruz, Nicole Kidman, etc.
Difficile d'avoir un avis objectif sur ces incarnations lorsqu'on est une vraie fan. Pour moi, c'est Poppy Montgomery qui est la plus intéressante à voir, dans la première version de Blonde, en téléfilm. Moins que sa beauté, elle proposait autre chose dans l'interprétation et dans l'incarnation de Marilyn que du simple glamour et des cheveux évaporés (l'écueil sur lequel se fracassent toutes les autres). Concernant les photos grimées en MM, ces actrices blondes/brunes/châtain/chauves proposent souvent une copie tellement conforme à l'original... qu'on a uniquement l'original, justement, à l'esprit. Et l'original, évidemment, est cent fois meilleur. Exemple: Nicole Kidman, Naomi Watts (encore elle), Anna Nicole Smith. Curieusement, c'est Lindsay Lohan qui sort du lot, avec sa réplique de la dernière séance de Bern Stern. Sans doute proposait-elle, là aussi, autre chose.
Enfin, le cas Michelle Williams, qui l'a jouée (non, pas incarnée) dans Ma semaine avec Marilyn, de Simon Curtis, un récit tiré d'un livre déjà pas intéressant à la base. Quand j'ai vu la première photo publicitaire (ci-dessous), j'étais perplexe. Certes, Michelle Williams a essayé de capter plusieurs attitudes de Marilyn (issues des photos de Milton Green), mais ce n'est qu'une copie plate.
Les clichés parlent d'eux-mêmes: quand on veut incarner un personnage célèbre, et en plus quand il s'agit d'une femme qui jouait à la star qui jouait à être une actrice, on ne peut pas copier bêtement: il faut inventer. Lorsque j'ai enfin vu un extrait du film, lors d'un vol Paris-Montréal (on s'occupe comme on peut!), je savais déjà que c'était un mauvais film. Dès la scène d'ouverture, j'ai été, comment dire, effrayée! Voir Michelle Williams/Marilyn danser et chanter dans un vague numéro rappelant les hommes préfèrent les blondes avec moins de grâce et de finesse qu'un travesti, ça m'a tuée. Le pompon: voir les spectateurs du cinéma, et notamment ce pâle personnage de Colin Clark, se pâmer d'admiration devant cette démonstration de seconde zone. Oui, je le dis: si Marilyn avait eu aussi peu de charisme et de charme que ce que nous montre Williams, elle n'aurait jamais existé. Je citerai simplement pour finir une phrase du Canard enchaîné au sujet du film: "C'est moche à dire, mais Michelle Williams n'est pas assez jolie pour le rôle." CQFD.
Au final, celle que je préfère - et qui n'est pas cité par le Figaro, qui n'en a que pour les Hollywoodiennes - est Sophie Quinton, qui a joué un personnage inspiré de MM dans le bien-nommé Poupoupidou, de Gérald Hustache-Mathieu (2011). Une vie de Marilyn transposée dans le Jura, qui se joue avec une aisance souveraine sur tous les aspects de sa vie (les premières photos, les séries de nus, le mariage avec le sportif du coin, puis avec l'intello, la liaison avec le président du CG, le fameux carnet rouge, le psy maléfique, et une théorie pas du tout idiote sur sa mort). Sophie Quinton est toute en chair blanche, l'oeil pétillant, la voix enfantine, la malice et l'innocence chevillées au corps: elle est simplement merveilleuse.
À lire (ou pas):
- Joyce Carol Oates, Blonde, Stock, 1998
- Colin Clark, Une semaine avec Marilyn, Payot Rivages, 2006